Libération d'un aliéné

Publié le 9 juin 2017 par Cécile de Broissia

Arcabas Arcabas - Démons et Cochons

Luc 8, 26-39

Ils abordèrent au pays des Géraséniens, qui est en face de la Galilée. Comme Jésus descendait à terre, un homme de la ville, qui était possédé par des démons, sortit à sa rencontre. Depuis assez longtemps il ne mettait pas de vêtement et n’habitait pas dans une maison, mais dans les tombeaux. Voyant Jésus, il poussa des cris, tomba à ses pieds, et dit d’une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très Haut ? Je t’en prie, ne me tourmente pas. » En effet Jésus commandait à l’esprit impur de sortir de cet homme, car l’esprit s’était emparé de lui bien des fois. On le gardait alors lié par des chaînes, avec des entraves aux pieds, mais il rompait ses liens et le démon l’entraînait vers les endroits déserts. Jésus lui demanda : « Quel est ton nom ? » Il répondit : « Légion ». En effet, beaucoup de démons étaient entrés en lui. Et ces démons suppliaient Jésus de ne pas leur ordonner de s’en aller dans l’abîme. Or, il y avait là un troupeau de porcs assez important qui cherchait sa nourriture sur la colline. Les démons supplièrent Jésus de leur permettre d’entrer dans ces porcs, et il le leur permit. Ils sortirent de l’homme et ils entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans le lac et s’y noya. Voyant ce qui s’était passé, les gardiens du troupeau prirent la fuite ; ils annoncèrent la nouvelle dans la ville et la campagne, et les gens sortirent pour voir ce qui s’était passé. Arrivés auprès de Jésus, ils trouvèrent l’homme que les démons avaient quitté ; il était assis, habillé, et revenu à la raison, aux pieds de Jésus. Et ils furent saisis de crainte. Ceux qui avaient vu leur rapportèrent comment le possédé avait été sauvé. Alors toute la population du territoire des Géraséniens demanda à Jésus de partir de chez eux, parce qu’ils étaient en proie à une grande crainte. Jésus remonta dans la barque et s’en retourna. L’homme que les démons avaient quitté lui demandait de pouvoir être avec lui. Mais Jésus le renvoya en disant : « Retourne chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi. » Alors cet homme partit proclamer dans la ville entière tout ce que Jésus avait fait pour lui.

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J’ai envie de commencer ce commentaire par un refrain de Taizé : « Mon âme se repose en paix sur Dieu seul, de lui vient mon salut; oui sur Dieu seul mon âme se repose, se repose en Dieu ». Dans le texte précédent de la tempête apaisée, le passage vers l’autre rive, la rive païenne de l’inconnu, des différences, des contradictions, Jésus dormait, il se reposait en Dieu. C’est ce repos en Dieu qui lui donne la force d’aborder le pays païen des Géraséniens et d’affronter les démons.

Comme Jésus descendait à terre, un homme de la ville, qui était possédé par des démons, sortit à sa rencontre. Depuis assez longtemps il ne mettait pas de vêtement et n’habitait pas dans une maison, mais dans les tombeaux. Prenons le temps d’imaginer cette rencontre. Jésus est accueilli par un homme qui n’a pas figure humaine, pas de maison, pas de lien avec la société, c'est un mort-vivant. Pour bien comprendre ce texte, il faut savoir qu'en ce temps-là tout malade était considéré comme impur, séparé de Dieu et exclu de la société. Ce malade-là sort des tombeaux et est attiré par Jésus, il veut le rencontrer.

Il poussa des cris, tomba à ses pieds, et dit d’une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très Haut ? Je t’en prie, ne me tourmente pas. » Ecoutons les cris de souffrance de cet homme, regardons-le aux pieds de Jésus et laissons résonner en nous sa prière. Nous aussi, nous pouvons nous demander ce que veut Jésus pour nous et résister au changement car tout changement appelle un renoncement et fait souffrir. Cela me fait penser à un film : « Miracle en Alabama ». L’enfant aveugle, sourde, muette est devenue complètement sauvage et tyrannise sa famille par sa violence. Les parents se laissent faire croyant que l’amour consiste à tout permettre. L’éducatrice au prix d'un vrai combat avec l'enfant impose des règles. L'enfant est sauvé et les parents aussi !

En effet Jésus commandait à l’esprit impur de sortir de cet homme car l’esprit s’était emparé de lui bien des fois. Toute personne est importante pour Jésus, aucun cas n’est désespéré et il va prendre du temps pour entrer en relation avec cet homme possédé par des démons. Il commence par commander à l’esprit mauvais de sortir de cet homme. Le mal est extérieur à l'humain qui est bon par nature mais parfois l’esprit du mal s’empare de nous comme pour l’homme possédé.

On le gardait alors lié par des chaînes, avec des entraves aux pieds, mais il rompait ses liens et le démon l’entraînait vers les endroits déserts. Les autres ont beau essayer de nous préserver du mal ou des tentations en nous privant de liberté, cela ne sert à rien. Nous ne pouvons changer l’autre, nous ne pouvons obliger quelqu’un à choisir la vie : c’est un choix personnel, nous sommes libres. Le possédé l’avait bien compris, il brisait les liens que les autres lui imposaient. Sa liberté l'a entraîné vers le mal et il se trouvait à la merci de forces tellement puissantes qu’il ne pouvait rien contre elles. Mais sa liberté lui a permis aussi de rencontrer Jésus qui seul pouvait le délivrer du mal. Jésus nous a appris à demander dans la prière de nous délivrer du mal et de ne pas entrer en tentation.

Jésus lui demanda : « Quel est ton nom ? » Jésus va approfondir la relation avec l’homme en lui demandant qui il est en profondeur ? Et moi ? Qui suis-je ? Qu’est-ce qui me fait vivre en profondeur ? Quel est le sens de ma vie ?

Il répondit : « Légion » car beaucoup de démons étaient entrés en lui. L’homme écoute la question, y répond et sa réponse est vraie. Il est conscient qu’il est possédé par une foule d’influences, de dépendances, de tentations, d’excès.. Il n’est plus maître chez lui, il est perdu et ne sait plus qui il est. Nous avons tous des folies, des démons qui nous habitent mais déjà le fait de les nommer leur enlève du pouvoir sur nous.

Puis vient un passage étrange où on voit les démons supplier Jésus par deux fois. Jésus est vraiment le maître et quand il est là, les démons rampent à ses pieds, ils n’ont plus aucun pouvoir. Ils sortent et entrent dans les porcs (les animaux impurs pour les juifs) puis se jettent dans le lac et sont anéantis. Quand nous confions à Jésus nos démons réels ou imaginaires, ils disparaissent comme par enchantement.

Cet épisode spectaculaire des porcs qui se noient pourrait être un fait divers, il a l’avantage de faire une bonne publicité à Jésus puisque la nouvelle se propage comme le son d’un tam-tam dans la ville et la campagne. Les gens sortent de chez eux et arrivés auprès de Jésus, ils trouvèrent l’homme que les démons avaient quitté, il était assis, habillé et revenu à la raison, aux pieds de Jésus. Quel changement ! L'homme assis aux pieds de Jésus est devenu un disciple qui écoute. Il a revêtu l’homme nouveau. Il a fait de l'ordre dans sa vie et retrouvé son unité, le sens de sa vie.

Tous les Géraséniens entendent le récit mais au lieu d’adhérer à la foi, ils ont peur de Jésus et préfèrent rester dans leur incroyance. Toute la population demanda à Jésus de partir de chez eux. Jésus respecte leur demande ; cette fois-ci, c’est lui qui est exclu.

L’homme que le démon avait quitté lui demandait de pouvoir être avec lui. Jésus refuse : "retourne chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi". Ce n’est pas la peine que l’homme soit physiquement avec Jésus puisqu' Il demeure en lui. Il doit maintenant l'incarner chez les siens, dans son histoire. Retourner chez nous: c'est retourner dans notre intériorité, y trouver Jésus et vivre avec lui notre vie quotidienne avec ses joies et ses difficultés. Retourner chez nous: c'est tenir bon ! :ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage (Galates 5,1). Raconter tout ce que Dieu a fait pour nous: c’est vivre dans la reconnaissance pour tous les dons reçus et les redonner aux autres.

Alors cet homme partit proclamer dans la ville entière tout ce que Jésus avait fait pour lui. Admirons cet homme qui renonce à son désir de partir avec Jésus et de s'attacher à lui. Il écoute, obéit et agit en tout conformément à la Parole de Dieu. Mettons-nous à l’école de cet homme et osons parler des merveilles que Dieu accomplit en nous.