Etre disciple

Publié le par Cécile de Broissia

 

Etre disciple

Luc 9, 43-50

Comme tous s’émerveillaient de tout ce qu’il faisait, il dit à ses disciples : « Ecoutez bien ce que je vais vous dire : Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. » Mais ils ne comprenaient pas cette parole ; elle leur restait voilée pour qu’ils n’en saisissent pas le sens ; et ils craignaient de l’interroger sur ce point.

Une question leur vint à l’esprit : lequel d’entre eux pouvait bien être le plus grand ? Jésus, sachant la question qu’ils se posaient, prit un enfant, le plaça près de lui, et leur dit : «  Qui accueille en mon nom cet enfant m’accueille moi-même ; et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé ; car celui qui est le plus petit d’entre vous tous, voilà le plus grand. »

Prenant la parole Jean lui dit : « Maître, nous avons vu  quelqu’un qui chassait les démons en ton nom et nous avons cherché à l’empêcher, parce qu’il ne te suit pas avec nous. » Mais Jésus dit : «  Ne l’empêchez pas, car celui qui n’est pas contre vous est pour vous. »

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Ce texte est situé après   la guérison  spectaculaire d’un enfant et tous   étaient frappés de la grandeur de Dieu.   Ce miracle de Jésus correspond bien à leur image d’un Dieu merveilleux  et tout puissant. Jésus va montrer à ses  disciples quelle est sa nature profonde, la vraie grandeur  et quelles sont les conditions pour être son disciple. 

Ecoutez bien ce que je vais vous dire. Jésus avertit ses disciples que ce qu’il va dire est important.  Il s’adresse  à nous  aujourd’hui.  

Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes.  C’est la deuxième fois que Jésus annonce sa   passion. C’est comme si Jésus leur disait : Attention !  Ne vous faites pas d’illusions. Je ne suis pas un Messie puissant, invulnérable, je suis Fils de l’homme, proche des hommes, défenseur des plus fragiles.  Je   prends le risque d’être  fragile et vulnérable et je me livre sans défense aux mains des hommes.   Je suis dépendant d’eux, je leur fais confiance et ils sont libres de faire de moi ce qu’ils veulent.

Pour nous aussi quand nous nous faisons confiance dans l’amour, quand nous nous livrons à fond, c’est toujours un risque, nous sommes  fragiles et vulnérables. Nous sommes   dépendants  de  nos fragilités.

Ils ne comprenaient pas cette parole elle leur restait voilée pour qu’ils n’en saisissent pas le sens. Les disciples ne peuvent  pas comprendre. La vision d’un Messie  faible, livré aux mains des hommes est inconcevable, un scandale pour eux.  Pourquoi  Jésus doit-il souffrir sa passion ?

C’est aussi notre grande interrogation. Pourquoi la souffrance ? Pourquoi la mort ? Comme pour les disciples, cette question nous dépasse et reste voilée pour nous. La seule chose que nous savons, c’est que Jésus a vécu la souffrance  et la mort et qu'il nous accompagne dans ces moments-là.

Ils craignaient de l’interroger sur ce point.  Ils ont peur, ils ne sont pas prêts à accepter la perspective  d’un Messie faible et souffrant. Bien souvent à l’annonce d’une mauvaise nouvelle,  notre première réaction est de ne pas y croire et d’être dans le déni. Nous avons peur de la souffrance et souvent  nous n’osons pas parler pour ne pas souffrir.

Les disciples se disputent pour savoir qui est le plus grand, c’est la preuve qu’ils n’ont rien compris  à l’annonce de la passion.

 Jésus prend soin de ses disciples. Il ne veut pas les laisser dans l’erreur et l’incompréhension. Il ouvre le dialogue et à partir de leur question sur  qui est le plus grand, il fait  le geste symbolique de prendre un enfant près de lui.  Il faut savoir qu’en ce temps-là l’enfant n’avait  aucune valeur dans la société et  était  totalement dépendant des adultes.

 Jésus leur dit : «  Qui accueille en mon nom cet enfant m’accueille moi-même ; et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé car celui qui est le plus petit d’entre vous tous, voilà le plus grand ». Accueillir un enfant  au nom de Jésus, c'est accueillir le plus petit des hommes, celui qui est exclu, celui qui n’a pas de valeur. Jésus  lui donne  de l'importance. Comme  un enfant,  Jésus sera livré aux mains des hommes,   dépendant de leur pouvoir.  Et accueillir Jésus faible et dépendant, c’est accueillir Dieu. C’est  pour les disciples un renversement complet de l’image qu'ils se font de la grandeur de Dieu.

Pour nous il s’agit d’accueillir les plus fragiles  d’entre nous comme s'ils étaient Jésus lui-même, mais il s’agit aussi d’accueillir avec humilité nos blessures et notre fragilité. Notre grandeur: c’est de renoncer à nos rêves de toute puissance et à nos illusions sur nous-mêmes. Notre grandeur: c’est devenir comme un enfant, accepter notre petitesse et notre dépendance et crier avec confiance vers Dieu qui seul peut nous rendre grand.  

 Ne l’empêchez-pas. Celui qui n’est pas contre vous est pour vous.  Après l’humilité, Jésus invite ses disciples à la tolérance. Les disciples de Jésus n’ont pas le monopole de la lutte contre le mal. Tous ceux qui coopèrent à rendre le monde plus humain sont du côté de Jésus même s’ils n’agissent pas en son nom.

Nous dépensons bien souvent beaucoup d’énergie à être  ‘contre’. Il y a bien sûr des causes ou cela est nécessaire mais il est bien souvent plus constructif  d’accueillir positivement que de faire le contraire.

Ce texte est le dernier avant que Jésus prenne le chemin vers Jérusalem où il va vivre sa passion.  Il  dit bien l’essentiel de l’identité   de Jésus  et de tous ceux qui veulent le suivre.

 

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