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Jésus victorieux dans la tentation
Publié le 1 décembre 2014 par Cécile de Broissia
Luc 4, 1-13
Jésus, rempli d'Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l'Esprit, pendant quarante jours, et il était tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et lorsque ce temps fut écoulé, il eut faim. Alors le diable lui dit: " Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain." Jésus lui répondit: " Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme vivra."
Le diable le conduisit plus haut, lui fit voir en un instant tous les royaumes de la terre et lui dit:" Je te donnerai tout ce pouvoir avec la gloire de ces royaumes, parce que c'est à moi qu'il a été remis et que je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu m'adores, tu l'auras tout entier." Jésus lui répondit: " Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c'est à lui seul que tu rendras un culte."
Le diable le conduisit alors à Jérusalem; il le plaça sur le faîte du temple et lui dit: "Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d'ici en bas; car il est écrit: il donnera pour toi ordre à ses anges de te garder, et encore: ils te porteront sur leurs mains pour t'éviter de heurter du pied quelque pierre." Jésus lui répondit: " Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu." Ayant alors épuisé toute tentation possible, le diable s'écarta de lui jusqu'au moment fixé.
Ce texte est construit comme une illustration de toutes les tentations que Jésus aura à combattre dans sa vie. Il fait suite au baptême où Jésus a reçu l'Esprit Saint et la certitude d'être fils bien-aimé de Dieu. C'est fort de cette expérience spirituelle qu'il quitte les bords du Jourdain.
Bien souvent la vie nous pousse à quitter les bords du Jourdain, passer du connu à l'inconnu : une épreuve, la conscience de notre faiblesse nous déstabilisent et nous font vivre dans un désert. Nous avons perdu nos repères. C'est là, dans cette fragilité que nous pouvons être tentés de nous arrêter en chemin, revenir vers ce que nous connaissons déjà, nous enfermer en nous-mêmes et écouter la voix de notre ennemi intérieur qui veut notre perte. Il nous fait miroiter une vie facile avec l'illusion de changer les pierres en pain, sans travail, sans effort. Changer de partenaire, de lieu, d'école, de métier, cela peut parfois être une illusion que tout sera mieux ailleurs. Nous distraire dans une agitation pour oublier et ne pas vivre notre épreuve avec sa difficulté est aussi une illusion. Avoir toujours plus de biens nous laissera insatisfaits et ne comblera pas notre vide intérieur. Mais si nous restons dans ce désert, dans ce manque de nourriture, dans ce vide, cette angoisse, sans fuir la réalité de notre vie, nous entendrons la voix de Dieu qui nous dit que nous sommes son enfant bien-aimé. Il vient nous rejoindre dans nos difficultés et nous offre des paroles nourrissantes et vraies. Seuls, nous sommes enfermés et repliés sur nous-mêmes, ce qui nous sauve c'est de nous tourner vers Dieu et les autres avec confiance.
" Il est écrit: ce n'est pas seulement de pain que l'homme vivra ". Jésus s'appuie sur une parole de l'Ecriture pour résister à une vie facile.
Puis l'ennemi conduit Jésus encore plus haut. Cette fois-ci c'est la tentation d'une toute puissance illimitée. L'ennemi nous pousse à avoir toujours raison, tout savoir, tout comprendre, tout contrôler, tout faire parfaitement. Nous pensons que nous pouvons arriver à la gloire même à la gloire de sainteté par nos seuls efforts, par notre volonté. Rendre un culte à Dieu seul c’est reconnaître que notre vie nous est donnée gratuitement par un Dieu qui nous aime. Nous n'avons rien à prouver, seulement recevoir "d'en haut" humblement nos dons, notre pouvoir. Rendre un culte à Dieu seul c’est aussi ne pas laisser les autres avoir un pouvoir démesuré sur nous et laisser à Dieu le pouvoir de conduire notre vie parce que nous sommes sûrs qu’il nous aime et nous veut libres. Adorer Dieu c’est aimer les autres comme nous-mêmes non pas des images de nous-mêmes ou des autres toutes puissantes ou impuissantes mais la vraie image que nous avons à l’intérieur de nous-mêmes et qui fait que nous ressemblons à Dieu.
"Il est écrit : tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c'est à lui seul que tu rendras un culte". Jésus s'appuie de nouveau sur une parole de l'Ecriture pour résister à un pouvoir facile.
L'ennemi le conduit de plus en plus haut dans une toute puissance religieuse qui le fait sortir de sa condition d'homme. Se jeter du haut du temple sans connaître la mort est une illusion. Eduquer un enfant en le surprotégeant, en le portant de peur que son pied ne heurte quelque pierre, c'est aussi le faire vivre dans un monde imaginaire sans contact avec la réalité. L'ennemi est en nous chaque fois que nous sommes des anges, des saints enfermés dans une image idéale de nous-mêmes et que nous enfermons aussi les autres dans une image idéale alors que nous avons à vivre avec nos contradictions et celles des autres. La prière, le monde religieux peuvent être également un refuge qui nous coupe du réel et nous déresponsabilise, nous sommes dans l'illusion si nous croyons que Dieu résoudra tous nos problèmes. Dieu est avec nous mais ne travaille pas à notre place ! Saint Ignace nous invite à chercher et trouver Dieu en toute chose.
" Il est dit: tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu ". Là encore Jésus s'appuie sur une parole de l'Ecriture pour résister à une foi facile.
Jésus a été victorieux des tentations parce qu'il était rempli de l'Esprit Saint et fort d'une relation de confiance avec son Père. Il s'appuiera sur cette intimité quand le tentateur reviendra au moment fixé. Devant la mort il priera son Père en disant : " Non pas ce que je veux mais ce que tu veux ".
Il nous dit aussi de veiller pour ne pas entrer en tentation, il est toujours avec nous dans notre combat pour vaincre notre ennemi et devenir plus libre et plus humain.